© moi-même

« It seemed the world was divided into good and bad people. The good ones slept better...
while the bad ones seemed to enjoy the waking hours much more. »
WOODY ALLEN

groupe : THAT'S NOT GONNA HAPPEN ; L'idée même que Gabriel puisse être largué par une fille est totalement absurde. Franchement, quelle demoiselle ferait une chose pareille ? De plus, l'intense douleur – de la tristesse ? – qu'il a ressentie dans son flash était inédite pour lui. Cette fille, cette Cecilia – quel prénom ridicule –, il ne la rencontrera jamais et, s'il le fait, il s'en débarrassera au plus vite.
age : VINGT-SEPT ANS ; Bel homme, il n'est plus un gamin – enfin, c'est relatif – mais reste jeune. Il en a fini avec les études, l'université et toutes ses choses qui, au fond, ne l'intéressaient pas plus que ça. En temps normal, il devrait commencer à songer à trouver la bonne personne pour fonder une famille, à cet âge, mais les enfants ne l'intéressent pas.
métier/études : JOURNALISTE ; Enfin... C'est ce qu'il raconte aux filles mais, en vérité, Gabriel ne compose que quelques textes sans importance pour de petits journaux... Et uniquement lorsqu'il en a envie. Il survit très bien avec l'argent que lui a légué son oncle – sous conditions, malheureusement – et travaille surtout à faire fructifier cette coquette somme.
nationalité : ANGLAISE ; D'ailleurs, il n'a jamais totalement perdu l'accent de sa terre natale, même s'il l'a quittée très jeune. Franchement, ce détail ne l'ennuie pas vraiment : ça fonctionne bien, avec les filles.
quartier de résidence : QUEENS ; Un endroit coloré et diversifié où il rencontre des gens de tous les horizons. Les logements sont abordables et, comme le quartier est à proximité de Manhattan, c'est l'idéal pour un homme comme lui.
statut financier : AISÉ ; Théoriquement, Gabriel est riche. Seulement, son oncle, qui lui a légué tout l'argent qu'il possède, a ajouté quelques clauses contraignantes. Ainsi, il ne peut utiliser qu'un maigre pourcentage de sa fortune totales. Ce petit dérangement durait en tout cinq ans, et prendra fin dans quelques semaines, ce qui le met de très bonne humeur.
statut : CÉLIBATAIRE ; Gabriel est un coureur de jupons et, qui plus est, un véritable Don Juan. Sa plus longue relation a duré quelques mois et si, au départ, il y a cru, il a rapidement constaté qu'il s'ennuyait, qu'il avait besoin de plus. Il n'est pas fait pour les relations durables, c'est tout.

love the way you lie.

Prélude

Libre-arbitre ou destin tout tracé ? Les choix que nous faisons au quotidien ont-ils vraiment une influence sur ce qui va se dérouler ensuite ? Si notre vie est déjà toute écrite, pourquoi certains l’ont plus facile que d’autres ? Pourquoi certaines personnes semblent être nées sous une bonne étoile, enchainant réussites sur réussites, sans jamais avoir vraiment mal, alors que d’autres, nées on ne sait où, cherchent toute leur vie un sens à leur existence, voyant leur univers se détruire sans cesse sous leurs yeux ?

Gabriel Armstrong n’a jamais vraiment cru au destin. Quelle idée désagréable. Si notre chemin est déjà tout tracé, à quoi bon bouger, à quoi bon se battre ? Pourtant, lorsqu’il regarde en arrière, en s’attardant sur son passé, il réalise qu’il fait définitivement partie de la première catégorie de personnes. Pourquoi, chaque fois qu’un défi se présentait à lui, il le relevait sans difficultés ? Il arrive qu’une opportunité se présente au moment exact où l’on est dans le besoin. On croit alors à une agréable coïncidence. Mais lorsque ces coïncidences se multiplient chez vous, alors que, chez le voisin, tout va de mal en pis, est-on en droit de se poser des questions ?

Né sous une bonne étoile

Lorsque Gabriel tente de se remémorer Londres, il ne revoit que la pluie et les paysages urbains grisâtres qu’il entrevoyait par la fenêtre de sa chambre. Il faut dire qu’il était encore très jeune, lorsque ses parents ont choisi de partir vivre aux États-Unis. Ainsi, il n’a gardé de sa ville natale que quelques souvenirs un peu flous et souvent futiles; les souvenirs d’un jeune enfant. C’est probablement pour cette raison qu’il n’a jamais non plus ressenti le besoin de retourner à Londres, devenu adulte. Pour faire quoi, de toute façon ? Il n’a aucun souvenir de l’endroit où il vivait ou des éventuels amis qu’il aurait pu y avoir. Néanmoins, il est important d’aborder les quelques années qu’il a passées là-bas pour mieux cerner l’homme qu’il est devenu par la suite et, surtout, pour apprendre à connaître quelques acteurs clefs de notre histoire.

La petite enfance de Gabriel ayant été plutôt ordinaire – une famille aimante qui avait suffisamment d’argent pour qu’il ne manque de rien – nous discuterons plutôt de celle de son père, Damian. Les Armstrong étaient des gens très riches et, si Damian ne voyait que rarement son père, il fréquenta néanmoins les meilleures écoles et ne manqua de rien. Il était de tradition, dans la famille, que le fils aîné reprenne les affaires de son père lorsque le moment serait venu. Seulement, alors que son frère cadet, Logann, était passionné par les chiffres, Damian ne parlait que d’arts et, surtout, de cinéma. Lorsque son paternel réalisa qu’il n’avait rien à faire de poursuivre des études en finances, il lui coupa les vivres, jurant de léguer l’entièreté de la fortune familiale au plus jeune des deux frères. Le père de Gabriel, qui n’avait rien à faire de cet argent, claqua la porte pour ne jamais revenir, rencontra Mary avec qui il allait fonder une famille et tout alla pour le mieux.

Elle file, elle file...

L’enfance de Gabriel en Amérique a été bercée par les rires, les jeux et les visites sur les différents plateaux de tournage où son père exécutait le sérieux métier de caméraman. Sa mère, avocate de formation, siégeait dans une grande entreprise où elle remplissait le rôle de conseillère – rien de bien intéressant pour un enfant de sept ans, somme toute. Ses parents tentaient de lui inculquer des valeurs d’amour et de respect, lui expliquant que l’argent n’était qu’un outil, et pas une fin en soi. Ils l’entouraient d’amour et d’attention, lui offrant quelques cadeaux lorsqu’il les méritait, sans toutefois en faire un enfant gâté. Ils étaient de bons parents et agissaient avec lui au meilleur de leurs connaissances. Pourtant, plus le garçon vieillissait, plus son père réalisait qu’il avait beaucoup d’Armstrong dans le sang. Son fils lui faisait penser à son père.

Adolescent, il commença à répondre à ses professeurs, faisant preuve d’une grande arrogance que personne ne s’expliquait. Plein de charisme, il s’imposait comme leader partout où il allait, à un tel point que même les adultes censés être des figures d’autorité avaient du mal avec lui. Le plus dangereux, c’était l’influence que le garçon avait sur les autres. Lorsqu’il avait une idée derrière la tête, il ne lui fallait pas beaucoup d’efforts pour convaincre une demi-douzaine de ses camarades de l’aider. Il parvenait toujours à ses fins.

Si, au début, les frasques de son fils amusaient son père, elles finirent par créer un mur entre eux. Le père et le fils se défiaient sans cesse et, trop souvent, Gabriel obtenait ce qu’il voulait en désobéissant. Son arrogance montait en flèche et, s’il n’osait jamais prononcer ne serait-ce qu’un seul juron devant sa mère, il profitait de ses absences pour exprimer le fond de sa pensée. Mary ne savait plus quoi faire pour rapprocher son mari et son fils qui, autrefois, étaient comme des frères. C’est elle qui eut l’idée d’appeler Logann, le frère de son mari, à la rescousse. Selon elle, il saurait apprendre la discipline à l’adolescent et Gabriel, qui ne savait rien de sa famille paternelle, serait heureux de faire sa connaissance. De plus, Logann avait toujours été une personne sérieuse qui se servait de ses forces pour atteindre ses objectifs avec brio.

Logann plu immédiatement à Gabriel. Il avait toujours été curieux de rencontrer cet oncle dont il portait le prénom. C’était un homme puissant et fier, auquel il s’identifia rapidement. Ce dernier ne passa que quelques mois en Amérique, et cela suffit amplement pour qu’il offre de passer le flambeau à son neveu plutôt qu’à sa propre fille, Lysandra qui, selon ses dires, ne pensait qu’à s’amuser. Damian était déçu, en un sens, que son fils s’intéresse autant à l’argent, mais toutefois satisfait qu’il se concentre davantage sur ses études. Quelques années après, Logann tomba gravement malade, et décida qu’il était temps de respecter la promesse faite à son neveu. Il chargea ce dernier de gérer la fortune familiale… sous conditions. Pendant les cinq premières années, s’il pouvait placer l’argent et le faire fructifier, il ne pourrait toucher qu’un faible pourcentage du montant total pour son propre usage. Cette clause prenait fin dans deux cas, si les cinq années passaient ou si le jeune homme avait un enfant.

Des milliers d'étoiles étiolées

Évidemment, Gabriel, aujourd’hui adulte, n’a jamais eu d’enfant. Du moins, c’est ce qu’il croit. Il ignore que la femme avec qui il était il n’y a pas si longtemps, la belle Alessa, est enceinte de lui. D’ailleurs, Dieu seul sait comment il réagirait s’il l’apprenait. Chose certaine, il en voudra à la jeune femme s’il l’apprend de quelqu’un d’autre. On ne cache pas ces choses-là. Heureusement, pour ce qui est de sa petite fortune personnelle, la contrainte de son oncle prendra fin d’elle-même d’ici quelques semaines et, tout à son ignorance, Gabriel Logann Armstrong pourra en profiter en toute tranquillité d’esprit… N’est-ce pas ?

Sauf que ce maudit flash a tout bouleversé. L’homme s’est vu vulnérable, plein de douleur et de peine en lisant une simple lettre. Une lettre ridicule et clichée, dans laquelle une femme qui n’a encore jamais rencontrée lui annonce qu’elle le quitte. Cecilia. Ce prénom l’obsède désormais. Il a dans l’idée d’éviter de rencontrer cette femme à tout prix. Si ce que les gens racontent est vrai, si ce rêve ridicule doit être une vision de l’avenir, il devra être suffisamment fort pour le changer.

i'll be there for you.

Gabriel enfouit sa tête dans ses mains, laissant tomber mollement la feuille de papier parfumée par terre. En temps normal, il se serait moqué de ce genre de lettre. D’un rose très pâle, le grain du papier était particulier, le rendant très doux au toucher. La lettre avait été entièrement écrite à la main, d’une écriture cursive très serrée ne pouvant appartenir qu’à une femme. Quelques hésitations dans les coups de crayon, ici et là, montraient que son auteure avait hésité, cherchant ses mots peut-être, et la signature, maladroite, était toute petite, perdue au coin de la page. Le cliché de la lettre d’amour, que des demoiselles trop naïves envoient à celui qu’elles croient être leur prince charmant. Malheureusement, cette lettre-ci est d’une tout autre nature. Elle ne lui donne pas du tout envie de rire.

Pour la première fois depuis longtemps, Gabriel souffre. Lui qui a toujours été le salaud de l’histoire se retrouve maintenant à la place de ses conquêtes passées. L’ironie du sort, triste et pathétique. Le pauvre s’est rarement vu dans un tel état. Sa respiration se fait rapide, entrecoupée par moments de grands vides, où il cesse tout simplement d’inspirer ou d’expirer de l’air. Un peu comme s’il avait d’abord couru un marathon pour, à la toute fin, recevoir un coup de batte de baseball en plein ventre. Doucement, il se redresse, comme pour mieux acheminer l’air à ses poumons. Lorsqu’il passe sa main sur son visage, il sursaute. Ses joues humides sont couvertes de larmes. Gabriel Logan Armstrong pleure. Quelle situation ridicule. Il a beau le penser, il n’arrive pas à calmer la douleur pour autant. Elle semble ne pas vouloir cesser de croître à l’intérieur de lui. Elle s’empare de son ventre, le forçant à se replier sur lui-même, remontant à ses épaules, qui s’affaissent, jusqu’à ses mains, qui tremblent alors qu’il se saisit de la lettre à nouveau.

« Gabriel. » Elle s’est appliquée à écrire mon prénom. Le G, tracé d’une seule ligne, est doté de jolies courbes et semble avoir été retracé plusieurs fois. Il est capable de l’imaginer, assise, les cheveux attachés peut-être, en train de repasser encore et encore sur la première lettre de son prénom. Il secoue alors la tête, frustré. Il ne devrait pas penser à elle ainsi. Un homme comme lui n’a pas à réagir ainsi lorsqu’une fille le largue. Certes, c’est nouveau pour lui, mais ce n’est pas comme si Gabriel Armstrong pouvait tomber amoureux. Et s’il n’est pas amoureux d’elle, alors, il n’a pas à se sentir si vide, brisé. Sans lâcher l'objet de son désarroi, il essuie ses larmes avec rage et se saisit du verre rempli d’alcool – probablement du whisky – qui se trouve sur la petite table à sa droite. Il le dévisage un court instant avant d’en avaler le contenu d’un seul coup. Ses yeux parcourent encore la lettre, inanimés. Les mots qui suivent ne sont pas particulièrement cruels et, pourtant, paraissent terriblement durs à Gabriel. « Je ne suis pas la fille qu’il te faut » est le passage qui le choque le plus. Combien de fois a-t-il emprunté la même formule, au masculin ? C’est une phrase toute faite, froide et impersonnelle.

« Je méritais mieux que ça. »

Déposant la lettre sur la table, près de la bouteille de Whisky, il tente de s’en resservir un verre, renversant par la même occasion une bonne quantité du liquide ambré tout autour. Il lâche un juron sonore; il ne peut pas perdre ce bout de papier. C’est tout ce qu'il me reste d’elle. Il attrape la lettre et la secoue, mais rien n’y fait. L’encre a coulé, rendant plusieurs passages illisibles. Ses yeux s’arrêtent sur ce prénom, si doux, qu’il a prononcé plus d’une fois dans des situations beaucoup plus agréables que celle-ci…

« Cecilia… »

***

Gabriel ouvre les yeux brusquement, désarçonné. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Il tourne la tête vers Louis, qui semble aussi sonné que lui. Il ferme les yeux quelques secondes, pour retrouver ses esprits. Quel étrange rêve. Rouvrant doucement les yeux, il constate que sa ceinture de sécurité est toujours en place. Il n’a mal nulle part et Louis semble également en bon état. Cependant, autour d’eux, c’est le chaos le plus total. Plusieurs voitures se sont rentrées dedans, de la fumée s’élevant de certaines d’entre elles, qui ont pris feu. Des enfants pleurent, appelant mères et pères, leurs cris se mêlant à ceux des gens aux alentours, qui appellent à l’aide ou souffrent, simplement, le tout créant une cacophonie insupportable. Les quelques policiers sur place, parfois aussi mal en point que certains blessés, semblent aussi perdus que le reste des gens.

« C’est une chance qu’on ait décidé de s’arrêter ici. »

Lentement, il se tourne vers son ami, Louis, qui jette un bref regard au petit restaurant où ils avaient choisi de déjeuner, un instant plus tôt. Ce dernier, bien qu’il ne soit pas souriant comme à son habitude, ne semble pas près de paniquer. Gabriel ne l’écoute qu’à moitié. Ce rêve était étrange, il lui a laissé une drôle d’impression.

« J’ai fait un drôle de rêve », reprend l’avocat, comme s’il avait lu dans ses pensées.

Louis Alexander Grimm, toujours calme et posé, même dans les pires situations ! Encore une fois, il ne lui répond pas, se contentant d’observer ce qui se passe autour d’eux. Ils ne sont pas les seuls à s’être évanouis. Qu’est-ce qui peut provoquer une telle chose ? Une attaque terroriste, très probablement. Un virus ou quelque chose de biologique… Peut-être une onde. Jusqu’où cette chose a-t-elle fait des ravages ? Combien de gens complètement déboussolés errent tout autour, sans aide ? Et si le phénomène avait touché toute la ville ? Un étrange pressentiment s’empare de Gabriel. Tout à coup, il sait que rien ne sera plus comme avant.

ALEXANDRA

Spoiler:

Je suis contente que ça te convienne ! En effet, il ne le prendra pas bien du tout et, évidemment, il tentera d'échapper à la demoiselle en question à tout prix.

J'essaie de terminer ma fiche avant ce soir, heure du Québec. Je n'écris pas très vite – et je me relis beaucoup – mais, si je ne m'arrête pas trop régulièrement, j'arriverai à écrire quelque chose de sympathique, j'espère. (:

[Oh, ce n'est pas que pour toi, je meurs d'envie de jouer ! Et de créer mes propres scénarios, soit son meilleur ami et la demoiselle en question.

Merci Merci !

Oh ! Leighton est pas mal non plus.

J'ai terminé de retravailler mon Flash-back et je m'attaque à l'histoire au plus vite ! Je suis pressée de jouer !