caractère :

Naturelle

Cynique

Courageuse

Naïve

Spontanée

Désordonnée

Passionnée

Sombre

vendredi premier octobre deux mille dix ; quatorze heures trente quatre

« - Racontez-moi votre vie.
- Et temps normal, mon métier c’est d’écrire sur les autres, pas de parler de moi…
- Racontez-moi… Commencez d’où vous voulez… »

Le temps est la chose la plus importante que l’on puisse avoir. Pas la richesse, le succès, mais le temps. Et les amis. La famille. Du temps et des gens que l’on aime, voilà ce que l’on rêve d’avoir. Mais sans le savoir. Sinon pourquoi écririons-nous sans relâche à ce sujet. Je suis habitée par des tonnes de citations et de références sur le temps, parce que mon temps, notre temps est compté. Je n’en n’avais pas conscience jusque là… Je le savais mais je ne voyais pas la fin, pas comme je vous vois vous. Désormais, s’en est fini, j’ai vu la fin, je l’ai touchée. Sagan disait « Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps. », mais il ne faut pas perdre son temps. Certains diront qu’il y a un temps pour tout mais depuis… Depuis… ça. Je viens de me réveiller, au sens propre comme au figuré. Je dois vivre tant qu’il en est encore temps. Sinon…

L’Amérique était le rêve de beaucoup, et également celui de Johann Dickens Boleyn. Il rêvait de partir loin de ce pays où son nom était rougit par le sang de ses aïeux, loin de tous tracas financiers également. Lorsqu’il s’installa à New-York, il pensait atteindre l’Eldorado et il n’avait pas tort. Il devint un riche et puissant bureaucrate qui pesait lourd dans la balance. Il devint rapidement très riche. Le rêve américain était réel, et il le connaissait. Sauf que chaque conte de fée commence par une rencontre, tout bascula un matin de printemps. En temps normal, on dirait qu’il y avait un bal ou qu’ils se baladaient, sauf que ce fut dans Central Park. Ils se tombèrent dessus, littéralement d’ailleurs. Et pour s’excuser de sa maladresse, le jeune anglais invita la jolie brune qu’il avait fait trébucher à déjeuner. S’ils avaient su que ce serait le coup de foudre et que lui, riche homme d’affaires ne voudrait plus quitter cette jeune danseuse de revue.

« - Y a-t-il un détail vous préoccupant ? Vous semblez attacher beaucoup d’importance au fait qu’il soit riche… Etes-vous riche vous-même ?
- Quoi ?! Mais non mais… Je vous raconte mon histoire.
- Vous ne vous appelez pas Johann…
- Et on vous paie pour trouver ça ? »

Ils ont commencés par se voir en cachette, à cause de la mauvaise réputation des jeunes femmes du genre de Lyndsay-la-danseuse. Mais ils s’aimaient. Passionnément. Ils eurent un fils : Aidan, mon père.

« - Aw. J’étais persuadé que vous parliez de vos parents…
- Non, de mon arrivée à New-York. Enfin. Oh et puis vous êtes censé m’écouter et avoir une attitude bienveillante, ne pas parler et ne pas émettre de jugement. C’était quoi votre fac au juste ? »

Je raconte la vie d’autrui. C’est mon métier, mais passons. Mon père grandi, tant et si bien qu’il devint l’un des meilleurs traders de la génération, et pas à la Gordon Gekko : il était intègre, superbe, craint et respecté. Entre temps malheureusement, (on pourrait d’ailleurs croire que la passion ronge les Boleyn) Johann tua Lyndsay. Pourquoi ? Personne ne le sait, ils s’aimaient tellement. D’ailleurs personne ne pu jamais comprendre son acte car il se suicida aussitôt, laissant mon père orphelin, il avait une dizaine d’années. Je n’aime pas l’amour, c’est dangereux, l’amour c’est… Mon père est tombé amoureux dans un restaurant lui ! De la barmaid en fait : Elyssa : de taille moyenne, brune. Il parait que je tiens beaucoup d’elle. Et elle était dessinatrice aussi, elle vendait ses dessins à des journaux.

« - Hum… Je vois et vous, vous êtes journaliste… Surpasser la mère…
- Pf, gardez vos théories Freudiennes sur le complexe d’Œdipe pour quelqu’un d’autre. C’est elle qui m’a donné envie d’écrire, et je ne me suis jamais entendue avec mon père. »

Je suis née en juin, lorsqu’il fait ni trop chaud, ni trop froid, à la précise moitié de l’année. Ils étaient ensemble depuis deux ans, quelque chose comme ça. Ils s’aimaient, tout le monde le disait. Eux les premiers. Mais je me souviens de leurs disputes, de leurs cris. Je me cachais sous le lit. Souvent. Des objets se brisaient souvent également, et violemment. … L’amour nous détruit tous. Lorsque j’avais cinq ans, ils se sont séparés. Divorce et tout le tralala, mais ma mère et moi avons continuées à habiter le même immeuble que mon père. Ils s’aimaient. Toujours je veux dire, ils se voyaient souvent, depuis qu’ils n’étaient plus ensemble, ça allait mieux, mais je ne comprenais pas pourquoi, à l’époque.

« - Cela a changé maintenant ?
- Euh. J’avais cinq ans… Certes j’étais précoce mais pas de là à comprendre la psychologie humaine, mais ne vous en faites pas… Vous aussi vous y arriverez.
- Cette violence verbale montre que vous avez un fort refoulement.
- Ce n’est pas de la violence mais de l’ironie. Le journaliste est critique, c’est là son moindre défaut… »

J’ai toujours été considérée comme « particulière » alors que j’étais juste un peu précoce, certes, j’ai su lire, écrire et tout tôt mais j’ai toujours été une grande rêveuse. Et un peu flemmarde aussi, j’ai toujours fourni un minimum syndical cependant. Pour ma mère à vrai dire… Puis que j’ai sept ans, mon roman préféré est le Portrait de Dorian Gray. J’aime lire, c’est une passion, comme l’écriture. J’aime… Hum. J’aime l’Art en général... Vous savez,… Il y a certaines choses plus importantes que d’autres dans la vie : la première d’entre elle est la musique. La vraie musique j’entends, c’est le rock. J’aurais tout donné pour faire Woodstock ! Pas pour les pétards, sexe-drogues-et-cie mais juste pour les talents qui s’y sont produits. Mon IPod est composé de chansons de Green Day, Muse, des Kings of Leon, de Yellowcard, de McFly, d’AC/DC, de Nirvana, de Blink, et de la musique classique, Bach, Debussy, Mozart, etc. Vous ne verrez pas de Justin Bieber ou de Lady Gaga, ni de rap, hip-hop ou je ne sais quoi encore. La musique est un tout, c’est pour cela que j’ai appris à jouer quelques notes au piano, en regardant des films… Ah oui! J'oubliais, si! Vous pouvez trouver du Hip-hop ou des choses comme ça, dans les bandes originales de films, bien évidemment car il y a le cinéma ! Une de mes grandes passions avec les séries télévisées. Oui, j’ai beau prendre soin de moi, sortir pour ramener tel ou tel homme riche et puissant, ma vraie nature est celle d’une no-life : J’adore passer du temps dans les salles obscures, regarder les films en version originale, me faire la saga Star Wars pour la trentième fois en plein milieu de la nuit, j’aime manger des glaces en regardant l’Agence Tous Risques ou Dr House. J’aime regarder les gens se battre à cause d’un crash d’avion sur une île mystère. J’aime voir des couples s’aimer, se briser, se déchirer, j’aime pouvoir imaginer ce qu’aurait été ma vie au dix-huitième siècle, j’aime voir le monde s’écrouler, des scientifiques créer un être à moitié humain qu’on appellerait Dren, entendre des « reviens-moi », pleurer à chaud de larmes, rire encore et encore. M’endormir devant Chapeau melon et bottes de cuir. Participer aux batailles dues à la Porte des Etoiles. Je rêverais de prendre un café au Central Perk. J’aime le cinéma et tout ce qu’il apporte, et presque autant les séries télévisées dont je connais tous les épisodes. Et enfin, la littérature, je vous ai déjà parlé du tout premier roman que j’ai lu, Il est accompagné du très apprécié et appréciable Hauts de Hurlevents. J’ai compensé mon manque d’éducation par les livres, je n’ai jamais été au lycée, jamais été à la fac, il fallait bien que je trouve de quoi faire pour ne pas paraitre idiote aux yeux du monde. La littérature, c’est comme le cinéma, ou la musique. C’est mon rayon. J’aime citer des grands auteurs, j’aime partager des théories. Je me demande ce que j’aurais pu valoir en philosophie… Je lis dans les transports, je lis la nuit, je lis lorsque personne n’est là et je dis que j’étais partie faire du sport ou je ne sais quoi encore alors qu’entre nous, s’il y a bien une chose que je déteste, c’est ça, faire du sport. Il y a certains romans que je peux lire et relire : Twilight, Jarhead ou d’autres dont le nom m’échappe pour le moment…

« - Vous semblez effectivement adorer ça, mais… Qu’est-ce que cela m’apprend sur vous ?
- Et bien, normalement, je vous ai donné beaucoup de renseignements sur moi : je n’aime pas l’amour mais je suis romantique, je… J’n’en sais rien, je n’vais pas faire votre boulot…
- C’est pourtant ce que vous faites depuis le début, miss Boleyn. »

Passons sur ma vie, passons et avançons, après tout plus je prends le temps de vous raconter mon passé, plus je prends de temps pour ne pas avoir d’avenir. Oui, je fais de la philosophie de comptoir mais après tout, j’étudie le journalisme, pas la sagesse littéraire. Lorsque je suis entrée au lycée, c’est là que j’ai découvert que c’est ce que j’allais faire. Pendant ce temps là mes parents divorçaient pour la seconde fois. L’amour c’est fou, rend fou et ce n’est pas bien. A chaque dispute, je me demandais comment ça allait finir, si… Si comme Johann des actes dépasseraient des pensées… L’amour ça craint, je l’ai toujours pensé. Sauf dans les films d’ailleurs, là, c’est joli, c’est beau,… C’est faux. Bref ! J’ai su que j’allais devenir journaliste, et pas qu’à la rubrique des chiens écrasés mais quelqu’un de respecté pour son talent. Que j’allais être Reporter du New York Times. Et tout ça grâce au Silvester’s Journal. C’est là où j’ai écrit la première fois. Les pom-pom-girls et tout le tatouin, très peu pour moi, elles sont habillées court et passent pour des idiotes, elles sont les reines à 18 ans, et à 30 elles ont dix gamins, sont seules et deviennent de vraies ivrognes, en dix ans, elles sont devenues de junkies…

« - Parce qu’elles ont été pom-pom-girls ?
- Non parce que… non, je disais ça comme ça. Je… J’ai juste laissé mon esprit vagabonder quelques secondes… »

Au lycée, il y avait Loïc Memphis, un basketteur qui était dans ma classe de français, bon à vrai dire, on était à peine quinze à avoir prit Français donc on se connaissait tous par nos prénoms, mais je le trouvais très mignon et tout. Je l’avais avoué à Emma, ma meilleure amie, celle-ci qui ne trouva rien de mieux que d’aller le voir pour lui dire, en deux jours, tout le monde était au courant que j’épinçais secrètement pour lui. Alors finalement, ce n’était plus un secret ! Mais j’ai passé l’éponge, jusqu’à ce qu’elle commence à me mentir sur des tonnes de choses, enfin, techniquement je ne m’en suis aperçu que lorsque l’on m’a mise les preuves sous le nez. Je suis naïve, c’est ainsi, quand quelqu’un se rapproche de moi, est gentil, je ne peux m’imaginer que cette personne peut avoir des idées derrière la tête.

« - Vous n’êtes donc pas sorti avec le jeune homme et vous êtes sentis blessée par votre amie…
- Bien sûr ! Attendez ! La confiance, il n’y a que ça de vrai ! C’est le seul sentiment sur lequel doit se baser les sentiments de quelque nature qu’il soit. Lorsque la confiance disparait, le lien également.
- C’est fort, vous ne trouvez pas ?
- Non, c’est réaliste. Lorsque votre femme vous trompe, vous la quittez. Lorsque votre employé donne des renseignements à la concurrence, vous vous en séparez. C’est ainsi. »

Je n’étais pas la meilleure de ma classe en terminale mais je fus tout de même admise à Columbia. Mon dossier a semblé satisfaire le doyen, mon exposé sur la littérature, notre entretien, et tout notre rendez-vous. J’avais misé sur plusieurs facultés et bientôt je recevais cette lettre. « L’Université Columbia ; Section Journalisme ». Je ne pouvais m’empêcher de me dire merde quoi ! J’ai été prise super vite ! J’allais bientôt me retrouver à l’université, pas n’importe laquelle, une de la Ivy League. C’était prestigieux, et mes parents en furent ravis. Tellement qu’ils se marièrent à nouveau. Honnêtement, je pense que ce n’était pas à cause de la fac mais tout simplement à cause de ce lien qu’ils avaient tous les deux.

« - Oh déjà cette heure là !
- Ne vous inquiétez pas, parlez… Je peux vous rajouter du temps…
- Normalement, c’est impossible, mais… Je dois aller au travail en fait…
- Au travail ? Je croyais que vous étiez à Columbia, vous l’avez nommé deux, trois fois dans le dernier passage de votre récit… N’est-ce plus le cas ? »

Je suis étudiante depuis six ans, je prépare un doctorat, je ne sais pas pourquoi. Enfin si, pour enseigner, il faut penser à la reconversion avant même d’avoir son premier métier maintenant, le monde est si fou. Regardez, mon père s’est retrouvé au chômage à cause de la crise et de nouveau il a rebondit ! Tant et si bien qu’il est redevenu l’un des traders les plus en vogue. J’ai quitté notre immeuble de l’Upper East Side pour un petit loft, toujours dans Manhattan, j’aime ce grand espace plein de lumière, à l’origine, j’habitais seule mais lorsque mon amie Meghann s’est retrouvée à la rue après une sale affaire, je l’ai accueillie. J’étais obligée, on va en cours ensemble, je n’allais pas la laisser devenir comme… Comme ces… Les gens qui vivent dehors quoi. Elle venait de sortir de cure, alcoolisme et dépendance à la méta, ça avait duré tellement longtemps, elle avait tellement souffert pendant cette période, elle m’a rapporté que rien n’était pire physiquement que l’état de manque, surtout en ce qui concerne la drogue. Et ses parents ne voulaient plus entendre parler d’elle. Non, je ne pouvais pas la laisser seule, ça aurait été l’inciter à replonger. J’ai également trouvé un boulot vers mes vingt-et-un ans. Enfin, avant je travaillais à la librairie en bas de ma rue, mais maintenant, je suis journaliste. Pour un canard que personne ne lit : « The Frozen Dependance » qui traite de tout et de rien, j’ai déjà publié sur des concerts, fais des critiques de livres, de films, traité l’avènement d’Obama mais le plus souvent, j’ai le droit à la rubrique des chiens écrasés… Faut bien commencer quelque part.

« - Notre séance est terminée… Avez-vous quelque chose à dire… Tiens, où en sont vos parents ?
- Ils divorcent. Encore.
- Oh, d’accord. Et votre vie sentimentale ?
- Heureusement, il est comparable au Désert de Gobi.
- Il faudra que l’on traite de votre phobie de l’amour.
- Les Boleyn ne sont pas fait pour tomber amoureux.
- Tout le monde est fait pour aimer… Qu’allez-vous faire ce week-end ?
- Samedi après-midi, il y a la diffusion d’un match de rugby de deux équipes de Manchester.
- ]Du Rugby ?
- Oui, j’aime bien regarder le rugby avec mon père… Y’a deux matchs : deux octobre : Manchester ; trois octobre : Australie. Rugby à treize.
- La précision était nécessaire ?
- Aucune idée… C’est vous l’analyste…
- Au revoir Miss Boleyn.
- Bon Week-End Monsieur Durnham. »

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